Cécile Orsoni art-thérapeute

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Image de soi en art-thérapie

Voici un extrait de mon mémoire d’art-thérapie soutenu à Paris 8:  Image du Corps et Image de Soi en Art-thérapie. Vous trouverez également à la fin du texte des liens vers des autoportraits réalisés lors de séances d’art-thérapie en 2016.

« Par « image de soi » j’entends la représentation subjective que chacun se fait de son identité, et qui demeure souvent inconsciente jusqu’à la prise de conscience en art thérapie.
Je souhaiterais montrer comment l’image du corps participe de l’image de soi et comment on peut faire évoluer cette image grâce à l’art thérapie dans un but thérapeutique. Car c’est le narcissisme qui est en jeu dans l’image du corps : un moi abîmé et faible qu’il s’agit de renforcer. Une image de soi négative qu’il s’agit de revaloriser pour un mieux-être. Il s’agit ici du narcissisme au sens de l’image que Narcisse voit dans l’eau quand il regarde son reflet. On se souvient que dans le mythe grec Narcisse voit son reflet dans l’eau et en tombe amoureux au point qu’il finira par se jeter dans cette image dans laquelle il se noie. Narcisse ne comprend que cette image est la sienne et il la voit comme l’image de quelqu’un d’autre. Dans son livre Plaidoyer pour une Certaine Anormalité,  Joyce Mac Dougall analyse le mythe : « Ne peut-on pas supposer que ce fragile enfant guettant un double de lui-même, cherche dans son étant un objet perdu qui n’est pas lui-même mais un regard et que ce regard est celui que tout enfant cherche avidement dans les prunelles maternelles. » C’est son identité que Narcisse recherche dans l’eau mais sans le truchement d’un regard porté sur lui il ne peut pas se comprendre comme sujet et c’est pourquoi il considère cette image comme celle d’un autre et non pas comme la sienne. Le regard de l’autre est donc fondamental dans la constitution de l’identité du sujet et cette constitution passe par une image c’est-à-dire par une symbolisation de soi.
Je me référerai également à l’analyse de Jacques Lacan dans le stade du miroir quand il met en corrélation les capacités de l’enfant à reconnaître son image dans le miroir et la naissance du « je » : «Cette Gestalt… – Par ces deux aspects de son apparition symbolise la permanence mentale du je. » En effet, en tant qu’art thérapeute travaillant avec les images, ce texte de Lacan est particulièrement intéressant car il établit un lien direct entre l’image de soi et la conscience de soi. Pour Lacan la constitution du je comme principe d’unicité de la personne est corrélative de la prise de conscience de la permanence de son image dans le miroir ; c’est-à-dire de l’image du corps. Autrement dit, la perception de l’identité est simultanée à la perception que l’enfant a de son image du corps. Et cette perception de l’image de soi comme sienne dépend de la présence d’autrui c’est-à-dire de la présence d’un adulte à côté de l’enfant qui se reflète également dans le miroir. C’est parce que l’enfant voit l’image de l’adulte dans le miroir qu’il comprend simultanément que l’autre image est la sienne. Il s’agit ici du regard maternel dont parle Joyce Mac Dougall. En effet le regard de la mère est le premier miroir où l’enfant mire son identité. Dans tous les cas c’est par identification à l’adulte que l’enfant comprend son identité, la présence de celui-ci lui reflétant sa propre image.
Par image de soi j’entends donc pour partie le narcissisme mais également la conscience de son unité psychique voire de son unicité : la conscience d’être une totalité unique et différente des autres, totalité psychique qui englobe aussi bien le ça, le moi et le surmoi pour reprendre la deuxième topique de Freud. Nous pourrions également nommer cette conscience de l’unicité psychique « le soi » pour reprendre une terminologie jungienne. Pour Françoise Dolto, l’image du corps et ses représentations sont des symboles de la dynamique psychique du sujet et de son identité. En tant que « dynamique » elle est un rapport mobile entre les différentes instances psychiques. Dans L’image inconsciente du corps , Dolto montre que l’image du corps est le symbole mouvant de nos expériences émotionnelles.
Le symbole est une mise en image du sens ; comme la montré Jung il existe des symboles universels (les archétypes) et des symboles personnels présent dans les images du rêve comme dans celles des œuvres d’art. Le sens individuel du symbole varie en fonction du vécu individuel, par exemple le symbole de l’eau aura une signification mortifère pour celui qui a failli se noyer. L’image du corps qui s’exprime dans les créations des patients comporte ces deux aspects symboliques : éléments universels et élément symbolisant le vécu personnel. »

Autoportrait et portrait: deux personnes dans une image

Le masque de soi même

Quand le corps devient visage