Cécile Orsoni art-thérapeute

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Art-thérapie : pourquoi interpréter son oeuvre ?

En quoi cela  vous aide d’interpréter votre création lors d’une séance d’art thérapie ?

Je vous donnerais un exemple en vous proposant d’analyser la peinture ci dessous qui a été réalisée lors d’une séance individuelle d’art thérapie par F dont je vous ai communiqué le très beau texte.

séance d'art thérapie  pour adulte, Versailles, Paris

 Il ne s’agissait pas ici de la première séance, d’autres dessins avait été fait avant et d autres seront faits après. Cela signifie que cette peinture prend sens avec la psychothérapie psychanalytique et les peintures qui l’ont précédées ainsi que celles qui l’ont suivies : l’interprétation que je vais en donner se fait donc en fonction de tout le travail qui entoure cette peinture. Elle ne peut être isolée de ce contexte.

Cette peinture symbolise un moment particulier de la thérapie où j’avais proposé à F de faire des autoportraits d’elle à plusieurs âges : enfant, adolescente, femme d’âge mûr. ici elle se représente telle qu’elle est maintenant: une femme d’âge mur.

Interpréter par la technique de l’ association libre

En fin de séance arrive le moment d’interpréter la peinture réalisée, pour cela j’utilise la technique psychanalytique de l’ association libre : dire sans retenue ni jugement tout ce que lui inspire sa peinture même si cela parait absurde. Or avec F nous constatons que la tête semble d’une autre nature que le corps : le visage est blanc alors que le corps semble rempli de jaune, qui est aussi la couleur du fond. L’intérieur des yeux est également jaune comme si le fond jaune avait envahi l’âme et le corps car on sait bien que les yeux sont «  le miroir de l’âme ». Autre élément d’étrangeté de cette tête : elle semble comme un masque posé sur le cou. En effet les yeux sont vides comme ceux d’un masque et l’expression est figée.

En regardant d’autres peintures nous pouvons toujours faire la même remarque : les têtes semblent toujours séparées du corps, étrangères à lui.

Séance d'art-thérapie Versailles 78 Paris

Vrai self et faux self

Je demande  à  F si d’une manière générale elle à l’impression que sa tête est coupée de son corps, que son corps lui est étranger. Elle me répond que oui, qu’elle a souvent l’impression que son visage est un masque qui joue un rôle sans exprimer son vrai soi ; son « vrai self ». Je reprends ici un concept de Winnicott. En effet celui- ci a montré qu’une personne ayant subi de graves traumatismes peut développer un « faux self » c’est-à-dire une personnalité artificielle qu’elle se construit pour s’adapter aux autres du mieux qu’elle peut. Ce faux self est une défense protéger le vrai soi qui n’a pas pu s’exprimer et se développer et qui se cache. Les personnes  qui utilisent cette défense se sentent un autre qui joue la comédie sans rien ressentir.

F  ressent donc son corps comme appartenant au monde extérieur mais pas à elle : c’est comme cela qu’elle interprète la ligne blanche très fragile qui sépare le corps du fond jaune ; elle ne ressent pas nettement les frontières entre l’intérieur de son corps et l’ extérieur de son corps.

Une prise de conscience objectivée par l’image

Grâce à l’interprétation qu’elle fait de sa peinture , guidée par les questions que je lui pose, F a pu prendre conscience de l’ image qu’elle a d’elle-même et de son corps. En effet la peinture a matérialisé en image l’impression permanente qu’elle a d’être coupée de son corps, des émotions de son « vrai self ». il n’est pas sûr que F  soit arrivée à exprimer cette distance de soi à soi directement par la parole . En effet l’inconscient s’exprime plus spontanément en image exactement comme dans le rêve. C’est un point fort de l’ art-thérapie : nous avons tout de suite devant les yeux une image matérielle pleine de sens.

Le travail thérapeutique consiste ensuite pour F à interpréter verbalement ce que symbolise pour elle sa peinture, à comprendre ce qu’elle exprime ici de son état présent mais aussi de son histoire passée : a-t-elle toujours eu cette impression d’être coupée de son corps ? Y  a-t-il une cause très ancienne à la mise en place de ce mécanisme de défense ? Cette prise de conscience permet aussi à F d’entrevoir ce qu’elle souhaite dans le futur par exemple se réapproprier son corps, ses émotions, se sentir elle-même c’est à dire renouer avec son vrai self.

On peut aller beaucoup plus loin dans l’interprétation de ces peintures mais mon propos est juste ici de donner une piste de compréhension..