Cécile Orsoni art-thérapeute

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La Belle au bois dormant ou le viol en héritage: signature de Cécile Orsoni jeudi 20 mars 2025

Pourquoi n’ai-je jamais, petite fille apprécié le conte de La Belle au Bois Dormant ?

Analyser la représentation de la femme dans le conte de la Belle au bois dormant

Pourquoi cette histoire qu’on me présentait comme une magnifique histoire d’amour dans laquelle je prouvais me projeter, me paraissait elle suspecte ? Je me méfiais de cette image de femme allongée presque morte, à laquelle on me disait de ressembler. Moi, je voulais bouger mon corps. Adulte, j’ai ressenti la nécessité impérieuse d’aller voir si mon intuition de petite fille était fondée par l’histoire elle-même, d’aller voir ce qui s’y cachait.

Analyser les non-dits de ce conte est une manière pour moi de témoigner de ce que notre société ne veut pas voir. Il s’agit de ce que je constate tous les jours dans le huis clos de mon cabinet de thérapeute: la souffrance des femmes. Toutes générations confondues, les femmes continuent à souffrir d’une dévalorisation de leur sexe et très souvent d’abus sexuels

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La culture du viol est profondément ancrée dans notre inconscient collectif

Malgré les avancées des années 70, comme en témoignent Les mouvements Me Too, Balance Ton Porc et récemment l’affaire Gisèle Pélicot, la culture du viol est profondément enracinée dans nos mœurs. Elle structure notre inconscient collectif. A bas bruit et depuis des siècles, le conte de La Belle au Bois Dormant encourage les petites filles à prendre inconsciemment pour modèle, un idéal féminin totalement passif où la femme est un objet sexuel. Etre un objet serait son destin.

Car cette histoire qui, prend racine dans le mythe d’Eros et Psyché, traverse tous les pays depuis le moyen âge. On la retrouve dans une version indienne, lituanienne et en 1280 dans le conte de Zellandine et Perceforest. Aujourd’hui elle continue à courir dans nos films comme Parle avec Elle de Pédro Almodovar ou Belle de Jour de Luis Bunuel. Toutes montrent la femme réduite à l’état de morte-vivante. Remettre en question le conte de La Belle au Bois Dormant c’est ouvrir les yeux sur notre inconscient collectif qui continue à banaliser le viol.

Pour que la société change il est urgent de remettre en question les archétypes qui ont façonnés notre vie sexuelle et amoureuse

Si nous souhaitons vraiment une société où les femmes ne soient plus des objets sexuels et les hommes des prédateurs, si nous voulons que les petits garçons et les petites filles se libèrent de cette violence patriarcale ; nous devons écrire une nouvelle psychanalyse des contes de fées.

Cet essai me permet d’espérer que bientôt, plus aucune petite fille ne souhaite ressembler à la belle au bois dormant, à Blanche Neige ou à Cendrillon.

Cécile Orsoni éditions l’ Harmattan