Sculptures
Etre là
Land art et estampe
Cette recherche relève du Land Art mais aussi de l’estampe que je pratique depuis longtemps. J’aime garder les traces d’un lieu en travaillant avec les matériaux naturels que j’ai sous la main. Garder le souvenir de mon corps ouvert à un temps, un espace donné. Prendre les traces de ce qui nous est vital et si intime que nous ne l’apercevons pas : un paysage, les traces de l’air, de l’eau, de la terre, de la lumière.
Ainsi en Corse en 2017 j’ai estampé le village abandonné de Sorbello dans la Castagniccia : lauses, fenêtres, fontaine, murs, végétaux. En 2002 à Porticcio je peins sur la plage directement avec l’eau de mer, le sable, les bambous. À Croce dans la Castagniccia j’ai pris les empreintes des rochers, des fougères, des chataîgners. J’ai peint avec l’eau de pluie dehors en automne.
Empreintes sculptées de la mer
En novembre 2020 c’est sur la plage de Saint lunaire en Bretagne que je travaille tous les jours pendant plus d’un mois à prendre des empreintes de la mer.
Il me faut composer avec les éléments : les horaires des marées, la pluie, le vent , la prise trop rapide ou trop longue du plâtre, le froid. Je respire .
Ces sculptures sont les traces des courants marins. Quand la mer se retire, elle nous laisse les dessins du vent, les couleurs si fines et variées du sable, les sillons creusés autour des rochers , des algues et des coquillages. .
La plage, immense matrice gravée que j’aimerais emporter toute entière.
J’en prélève des morceaux .Je lui rends hommage quand elle a disparu. Mais demain elle reviendra. Exploration infinie de cet univers féminin, fascination quotidienne sans cesse renouvelée.
Je n’ai pas fini.
Et maintenant j’emporte chez moi ces morceaux de plage ; les empreintes de la Manche qui me font rêver et qui j’espère donneront à d’autres, l’appel du large.
Cécile Orsoni le 29 décembre 2020