Cécile Orsoni art-thérapeute

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Ma démarche artistique

Texte de l’ écrivain et critique d’art Eurydice Trichon Milsani pour mon exposition personnelle Percée en avril 2016, galerie Guillet à Paris:

 » Cecile Orsoni m’a dit : percée

« J’ai longtemps cherché le noir le plus profond : je l’ai découvert dans la gravure. C’est dans ses champs élaborés que ce noir du désir sévit en toute  puissance ; et c’est aussi dans ses sobres entrailles que brille son contraire : le blancs des blancs.

Riche de cette vérité je me donne à cœur joie au métier du graveur ; je peux ainsi manier à volonté ce contraste magistral dont l effet  génère un équilibre parfait ainsi qu’une symbolique essentielle. Le blanc semble être la vie même, la présence, le sens des choses ; quant au noir, dramatique, envoûtant, incarne  la condition humaine.

Si je persévère et m’obstine à aimer ce contraste c’est peut être à cause de mes problèmes de vue : j’évite les détails ; j’aime observer les grandes formes, les figures massives qui se déplacent dans l’espace, l’ampleur des gestes sommaires et emblématiques, la mouvance.

J’adore graver le bois, gratter avec insistance le contre-plaqué, le creuser et le voir partir en éclats, le strier avec force, le fendre à  cœur. J’aime voir  son  milieu s’effriter, s’amenuiser, s’affine pour se fendre enfin en deux morceaux : les deux battants d’une porte qui cèdent pour laisser voir entre eux la splendide clarté de la lumière. C’est comme une percée des  nuages : les masses sombres soudain s’écartent pour laisser apparaître au bout de l’obscurité une éclaircie inattendue.

 Sensible et fidèle à cette jouissance antithétique j’élabore plusieurs thèmes : la figure humaine qui évolue dans l’espace, l’ architecture , sols et dallages, ainsi que l’apparition des formes qui évoquent des parties corporelles – c’est comme des énergies qui  montent   traversant  le corps ; et puis des  sources nocturnes  des ramifications, des feuillages

Souvent je suis inspirée par une photo à couleurs contrastées. La représentation pourtant n’est pas nécessaire ; ce sont les effets lumineux qui importent.

Taches, fluidité, éclats, effets de matière, couleurs crues, impact de la monochromie et surtout ces deux  valeurs opposés qui s’affrontent qui claquent comme une percussion à son zénith. Soudain un rouge devient un autre noir et la violence du couteau à bois  creuse avec ardeur afin de l’anéantir, exorciser le noir, la mort, afin d’arriver à la révélation du blanc le plus pur et le plus prometteur. »

Eurydice Trichon Milsani, avril 2016.

 

Sur mon travail de gravure poème de l’écrivain et auteur Pérrine Lorne avril 2016. Ce texte a été écrit en direct lors d’une performance ou je gravais tandis que Perrine écrivait sur le travail en train de se faire.

 » Ton corps burin

Tu creuses

Tu creuses tu ponces tu fores – tu creuses tu ponces tu fores et parles – tu parles avec des trous – des trous – des nerfs – tu plantes avec des nerfs – des nerfs – des encres – tu entres avec des coups – et creuses – des coups – et creuses tu creuses avec des coups – des coups – dans le bois – dans la pierre – tu creuses avec des coups – dans l’attente – dans le zinc – dans l’attente et le zinc – dans le temps et le bois

Et tu creuses

Et creuses tu creuses tu ponces tu fores – et vas-y – et vas-y – tu y vas – au canif, tu y vas – au canif, le détail – et le détail – s’ébat

S’ébat – s’explose – t’explose – à même – à même ta race – s’explose à même ta race – végétale – tu t’y noies

Et tu creuses

Et tu creuses tu ponces tu fores – et le bois, végétal, tu y vas – tu y vas – tu y vas – et tu vas – et tu vas – vers ta faille – tu y vas – au canif – au burin – vers ta faille – dans ta faille – tu t’ébats

Et tu creuses

Et creuses tu creuses tu creuses et là ton corps poutrelle – ton corps burin – enfanté – enfanté dans tes doigts – à la gouge – tu y vas – à la gouge tu nettoies – de toi de toi de toi – tu nettoies

Et tu creuses

Et creuses tu creuses tu creuses – Et là – Et là ta chair trop molle – tu la venges – tu la venges – tu la venges, et de bois – tu la venges, et de toi – de toi de toi de toi – de toi de toi, tu te nettoies – de toi – et la venges – et de toi – et de toi – et la peau – et la peau – et tu lui fais la peau – la peau – et ta peau – et de toi – et tu lui fais la peau – la peau – Et là ta chair trop molle – et là ta peau de toi – de toi – oui tu lui fais sa peau – à ta peau chair trop molle – à ton lard par sévices – par supplices – par sévices – et là ce lard de toi – dans les doigts – par sévices – par supplices – dans les doigts – dans les doigts, tu enfantes – tu enfantes – par ce geste – dans tes doigts – tu enfantes – le geste magnifique – de te trouer toi-même. « 

Pérrine Lorne ,2016